Cinéma,  Films

Equals : Les 5 sens au service du sentiment amoureux.

Equals, réalisé par Drake Doremus, avec Kristen Stewart et Nicholas Hoult.

Une soirée romantique, une déception amoureuse, un questionnement subit sur les relations de couples, beaucoup d’occasions sont bonnes pour regarder le film Equals, réalisé par Drake Doremus et disponible depuis 2016. Ce réalisateur, habitué aux drames amoureux (NoUs voUs parlerons d’ailleurs très bientôt d’un autre de ses films : Newness, sorti en 2017), propose pendant 1 heure 41 minutes une définition de l’amour à l’état brut.

Un scénario post-apocalyptique où la vie se cache mais transcende.

Blanc, froid, vide… Equals

Comme beaucoup de blockbusters aujourd’hui, Equals élimine notre monde du tableau et nous en propose une version post-apocalyptique qui saura pourtant bien décrire un des problèmes majeurs de notre société d’aujourd’hui, concernant les relations humaines.  Nous immergeons alors dans un monde rappelant celui du film Mr Nobody. Blanc, froid, vide. Dans cette nouvelle société, ressentir n’est plus permis. Autant dire que cette dimension n’est pas si éloignée de la nôtre. Cependant, une rencontre va tout changer pour Silas, incarné par Nicholas Hoult et pour Nia, incarnée par Kristen Stewart.

Blanc, froid, vide… Mr. Nobody

Commence alors la découverte de l’amour que le réalisateur a choisi de construire autour de nos cinq sens. Le regard, Silas voit Nia, quelque chose se passe. L’odorat, il sent son parfum, il s’en souvient. L’ouïe, il l’entend parler, il l’écoute. Le Goût, il la goûte, il s’enfonce dans l’interdit. Et enfin, l’apothéose, le toucher, le summum des tabous de cet univers qu’ils vont d’abord partager doucement, lentement, puis brusquement. Ce déroulement rappelle d’ailleurs la phrase de John Green, présente dans son livre  Nos étoiles contraires, « Je suis tombée amoureuse comme on s’endort. D’abord doucement puis tout d’un coup. » Le Syndrome SOS (Switched On Syndrom) porte bien son nom. On s’allume, on exulte. (Un syndrome que beaucoup rêvent de nos jours d’attraper, de retrouver, de transmettre.) C’est d’ailleurs finalement l’émotion de la femme qui provoque celle de l’homme, qui lui donne « envie ».

Attention Spoilers !

Le climax du film est à la fois prévisible et surprenant. Quant à la fin – ATTENTION AUX SPOILERS – une fin ouverte, elle est en cohérence avec l’histoire, bien que, néanmoins, ne pas penser à la tragédie de Shakespeare, Roméo et Juliette, est tout simplement impossible…

On se tait… On entend… On écoute.

Equals est un film extrêmement silencieux, la bande originale étant plus semblable à des vibrations ainsi qu’à des sons corporels, charnels, notamment des frottements de peaux, des respirations, des battements de cœur. Cela permet une empathie amplifiée pour le spectateur. Le son impose un rythme qui suivra les émotions de Nia et Silas et nous transportera avec eux. Les sons des animaux sont également décuplés, comme si seuls les animaux étaient en vie. Le reste se compose de sons robotiques et artificiels qui s’associent à cet univers si indifférent. Une voix off robotique semblable à celle de Siri ou Alexa accompagne le début de l’histoire. Enfin, des musiques viennent de temps en temps accompagner l’image, mais toujours en restant ce fond sonore mimant l’humeur des personnages.

Du blanc, encore du blanc, un éclair, du Soleil.

Les tons froids de l’image peuvent sembler très monotones aux premiers abords. On a peur de se faire mal aux yeux si l’on fixe l’écran trop longtemps. Les personnages eux-mêmes sont sensibles à la lumière lorsqu’ils « attrapent » le syndrome et doivent normalement porter des lunettes noires. De plus, ce blanc, qui rend finalement aveugle le spectateur, est ici adapté au message que semble vouloir donner le réalisateur.

Les tons bleus et froids mettent parfaitement en valeur la chaleur qui grandit et transparaît de Nia et Silas. C’est le sentiment qui ressort de l’image, puisqu’il est finalement le seul à vivre en son sein, tout le reste étant lent, statique, presque invisible avec ce blanc sur blanc quasi constant.

Des tons plus chauds et même ce qu’on pourrait qualifier d’éclairs de couleurs, tantôt rouges, tantôt jaunes, tantôt oranges, viennent colorer l’écran lorsque la relation entre les deux personnages commence. Le feu s’empare alors peu à peu de l’image.

Quand le feu combat la glace… Equals

Les plans deviennent également bien plus sombres, avec des flous volontaires, lorsque les personnages se touchent. Il faut cette fois-ci se concentrer pour voir ce qui est important. Cela crédibilise le secret que représente leur relation au sein de ce monde où elle est interdite, mais également induit une réaction du spectateur vis-à-vis du message du réalisateur. « Concentrez-vous, regardez de plus près et réagissez . Cessez d’être aveugle. »

Un soleil plein de chaleur vient confirmer cet effet en faisant son apparition dans les plans suivant leur premier contact physique. Ce contact devient alors une illumination. Cette utilisation de l’astre rappelle notamment la scène du baiser dans le film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche.

Le Soleil dans Equals / Le Soleil dans La Vie d’Adèle

Un jeu d’abord neutre, hypnotique.

Nicholas Hoult et Kristen Stewart sont des acteurs emblématiques de la génération Y avec la Série Skins pour le premier et la saga Twilight pour la deuxième. Déjà bons acteurs, ils ont su s’extraire de leurs personnages respectifs, se diversifiant. Dans ce film, Tony Stonem et Bella Swan sont très loin. Silas et Nia sont deux robots. Des Messieurs et Madame « Tout le monde » dans ce nouvel univers. Ils n’ont rien de particulier, ne se distinguent pas des autres. C’est au moment où les deux personnages se rencontrent qu’ils deviennent alors « Quelqu’un ». Nous apparaît alors à l’écran des personnages qui rient, qui pleurent, qui souffrent, qui vivent. Magnifiquement joué, le duo s’accorde parfaitement et étincelle à l’écran.

La scène préférée de Us : (Attention Spoilers)

L’interdit à son apogée dans La Crême de la Crême

La scène où Nia rejoint Silas, après s’être frustrée et s’être fait rejeter est une véritable explosion. Passant de la haine et sa violence à l’amour et sa tendresse, la caméra danse et nous embarque dans une tornade dans laquelle certains se reconnaîtront peut-être. Avec beaucoup d’élégance et de pudeur, le réalisateur montre le passage à la sexualité dans une relation entre deux personnes avec beaucoup de passion. Cette scène nous rappelle notamment la fin de La crème de la Crème réalisée par Kim Chapiron, qui, de la même façon, montre l’interdiction érigée sur l’amour depuis plusieurs années par ce baiser échangé par les deux personnages devant d’autres qui devaient les juger. (On vous laisse voir le film pour comprendre pourquoi). Cependant, la scène d’Equals révèle un rythme beaucoup plus rapide, plus hâtif, exprimant peut-être la colère de Drake Deremus face à ce problème au sein de cette scène quand Kim Chapiron exprime plus l’espoir dans la sienne.

L’interdit à son paroxysme dans Equals

Recommandation ! Ou non…

Attention ! Pour tous les spectateurs qui n’apprécient, voire même, ne supportent pas la lenteur et le minimalisme dans les films, Equals est à fuir. Il est peu probable que vous dépassiez les 30-40 premières minutes et ce frein ne vous permettra sans doute pas d’appréhender toute l’ampleur voire le heurt qu’est finalement Equals. Bien que la lenteur ait ici sa place, en toute cohérence avec l’histoire et sa symbolique, elle ne permet pas à Equals de convaincre tout le monde et bien que celui-ci puisse vous apporter beaucoup d’émotion, ce ne sera pas un film qui vous mettra en forme avant de vous rendre en soirée un samedi soir.

Petite citation de fin de lecture :

« C’est une abeille… Selon les lois de l’aérodynamisme, elles ne devraient même pas voler. Mais elles ne le savent pas. Donc elles volent de toute façon. » – Nia dans Equals.

Et voUs ? Avez-voUs vu Equals ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire avec votre avis en bas de page ! Vous pouvez également nous contacter via notre page contact !

NoUs espérons que le feu d’Equals vous gagnera à sa contemplation ! Bon film à noUs toUs et, en attendant, voici nos notes pour Equals :

L.G.

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